mardi 3 juin 2014

New York, New York (prise 2)


Et de deux !

 Deuxième fois que je pars visiter New York.

La première fois, souvenez-vous (ou piochez dans les archives du blog, c’est pas complique, bordel !), c’était avec un de mes amis les plus chers et nous avions décidé de prendre d’assaut cette ville par la voie la plus facile : voyage en avion, hôtel irréprochable, etc. Un week-end de roi du monde ou tout nous était dû, Time Square était à nous et Central Park était notre bac à sable !

Mais pour cette fois-ci, j’avais décidé qu’il en serait autrement : je prendrai cette ville seul et en véritable baroudeur : voyage en bus de nuit et séjour en auberge de jeunesse !

 Réactions partagées des hordes de lectrices dont je peine malgré mes innombrables efforts à épancher la soif d’aventure : la grande majorité, fébrile, tressaille déjà d’excitation, submergée qu’elle est par ce mélange de fascination, de risque et d’inquiétude pour ce séduisant vagabond que je suis (message subliminal a l’attention des lectrices célibataires, on ne sait jamais…).

L’autre partie, minoritaire, juste ma mère en fait, se demande pourquoi je m’obstine encore à dormir dans un dortoir rempli de gars alors que je pourrais me loger plus décemment…

À ce moment précis du récit, je préfère également lever tout de suite la moindre ambiguïté sur les doutes que pourraient avoir les esprits mal tournés voire certaines lectrices dont j’aurais pu décliner les avances : ce séjour dans une auberge de jeunesse n’est pas un moyen de satisfaire un fantasme inavoué pour les dortoirs de gars… vraiment pas. Et je reviendrai d’ailleurs sur cet épisode du périple un peu plus tard.

 Mais revenons à ce voyage… que dis-je a cette expédition a NY !

Tout commence avec le bus de nuit.

Pour tout dire, avant il y avait St Exupéry (qui n’était pas n’importe qui sinon il n’aurait pas été canonisé) et son « vol de nuit », eh bien aujourd’hui me voilà, devant vous à vous raconter mon « autobus de nuit »… même genre d’aventure mais carrément mieux écrite.

Quoi ?! Ça vous choque ? Allons, on s’entend que cet honorable aviateur doit davantage sa réputation d’homme de lettre à son passage par l’aéropostale qu’a ses histoires irrationnelles de blondinet, de rose et de renard qui parle, non ?

Bref, ce voyage en bus de nuit, donc, nous rapporte d’emblée +2.3 points sur l’échelle d’Indiana Jones (échelle qui s’impose d’elle-même dès qu’il s’agit de mesurer le niveau d’aventure)

Ce bus de nuit qui emmène son équipage hétéroclite (on utilise jamais assez le mot « hétéroclite ») jusqu’à la frontière qui sépare le Canada des États Unis (pays de tous les possibles, du génie roulant de Stephen Hawkins aux rotondités ingénues de Kim Kardashian).

Passage à la douane… toujours un moment épique…

Nous sommes là, à la queue leu-leu, attendant que les douaniers nous appellent pour nous donner l’autorisation de rentrer sur le territoire américain. J’essaie de réveiller les trois neurones qui ne sont pas encore tout à fait endormis (il est près de minuit, un vendredi soir) et je me présente devant l’officier des douanes.

Renseignement d’usage : ma nationalité, mon adresse à Montréal, mon métier (je me garde bien de mentionner le nom de mon employeur comme, d’ailleurs, tous les mots qui commencent par « bomb », car, ne serait-ce qu’écrire ce mot sur Internet, je suis sûr que mon blog est déjà suivi par les agences de surveillance américaine et canadienne), la raison de mon voyage au US…

Et là, le douanier décide même d’aller plus loin et d’essayer de savoir pourquoi je vais faire du tourisme seul à NY. Alors, bon, en temps normal, je ne supporte déjà pas que ma propre mère se risque à me poser des questions sur ma vie sentimentale, alors vous pouvez imaginer la tentation que je peux avoir à l’encontre de la curiosité très déplacée de ce douanier ricain. Une petite voix dans mon esprit (vous avez dit schizophrène ?) me pousse à lui répondre «Parce que ta Maman n’était pas libre » (méga super bonus sur l’échelle d’Indiana Jones, vous l’avouerez), mais je m’entends bredouiller brièvement que je suis célibataire et que par conséquent je voyage seul... (+1.9 sur l’échelle Hugh Grant, éternel célibataire aux yeux de cocker triste). Le douanier me demande alors ou je vais loger et quand je lui réponds que je vais dormir dans une auberge de jeunesse, je peux vous jurer avoir vu dans on œil la même suspicion que celle ces esprits retords dont je vous ai parlé plus haut.

Cet instant de gêne mutuelle passé, on me scanne les paluches, je m’acquitte de mon visa et je remonte dans le bus pour la suite de mon odyssée (Échelle d’Ulysse : +3.6).

Odyssée qui ne durera que quelques dizaines de minutes car tout d’un coup l’autobus s’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence.

A priori, un truc dans le bidule du machin dans le moteur qui fait que le zigouigoui qui devait marcher, ne marche plus (eh les gars m’en voulez pas, j’ai fait Chimie moi, pas Mécanique)
 
Vu qu’il est minuit passé, les réactions de passagers sont plutôt molles (et c’est tant mieux pour le chauffeur vu que la majorité des passagers sont des français « de France » et que dans c’est cas-là, le français « de France » est le dernier des touristes râleurs qu’on veut avoir sur le dos).

Apres une interminable attente (j’avoue j’ai un peu dormi entre-temps…et là, se pose la question de l’échelle d’Indiana Jones… car si on perd facilement 1.5 point  de vigilance face au danger, on gagne tout de même +2.1 en terme de coolitude face au-dit danger, c’est pas très clair comme échelle), après une interminable attente, disais-je, le chauffeur nous annonce qu’on va devoir changer d’autobus.

Nous voilà repartis lentement pour quelques km sous la pluie, afin de regagner une aire de repos ou nous pourrons attendre le bus de secours… à ce moment-là, l’humeur un peu molle de l’assemblée se ravive un peu… perso, je décide de traiter le danger avec mépris, je me retourne dans l’autre sens, calant mon front sur cette putain de barre de fenêtre et je me rendors au son du scouitch-scouitch des essuie-glace (échelle d’Indiana Jones : +1.3, échelle de George Clooney : -5 car même si je reste cool face au danger, j’ai bien peur qu’un petit filet de bave s’écoule de ma bouche pour venir dégouliner sur la vitre… dieu merci, le bus est plonge dans l’obscurité).

L’autobus providentiel arrive, fait l’échange d’attelage et on repart en essayant de compter combien de temps cet incident nous aura pris.

Au petit matin, la première ville se dessine… ah non ce n’est pas une ville, c’est Albany.

Albany, pour ce qui ne connaisse pas, c’est-à-dire tous les lecteurs de ce blog sauf un (coucou Yannick!), c’est la capitale de l’état de NY.

La capitale de NY n’étant pas NY, eh oui, on apprend des trucs en lisant mon blogue, c’est dingue, de rien c’est un plaisir d’illuminer votre ignorance du phare de mon insondable connaissance (laissez, c’est pour moi). Albany c’est surtout une ville où je n’ai compte que 17 humains vivant à ce jour. Il est évident que l’arrivée de l’autobus vient de doubler la population de la ville, et nous nous préparons à recevoir la visite du maire de la ville pour l’occasion.

Fuyant les honneurs (+1.7 sur l’échelle d’Indiana Jones, qui préconise de fuir les mondanités pour se conduire en male bourru qui saura émouvoir la jeune femme idéaliste prête a tout pour le changer), je profite de cette pause pour satisfaire un besoin naturel (échelle de George Clooney : -6.3, car George ne fait pas pipi).

Il faut savoir qu’entre les toilettes a  la japonaise ou tout est immaculé (savez-vous que c’est le même mot pour dire propre et beau en japonais ?) et les latrines de Calcutta ou, certes je n’ai jamais mis les pieds, mais quelque chose me dit qu’on y chope plus de champignon qu’un matin d’automne dans la forêt de Bouconne) il y a les toilettes de la gare routière de Albany. Et autant vous le dire tout de suite, on est plus sur du standard indien que nippon, voyez… C’est peut-être là, d’ailleurs le seul point commun entre l’Inde et Albany, mis à part le monsieur dans la petite pièce fermée qui de toute évidence regrette ce jour-là d’avoir mangé un curry (je vous fais rêver, hein ?).

La chance m’ayant fait garçon (non ce n’est pas du machisme c’est juste qu’avec ce dont la nature m’a doté, même si ce n’est pas très spectaculaire, restons modeste, il m’est très facile de faire pipi debout), je fais donc ce que j’ai à y faire et je me précipite au lavabo ou je m’arrête net devant un espèce de papier tue-mouche des années 50, parsemé de diptères agonisant… un vrai cimetière… mes yeux se lèvent pour ne plus regarder le spectacle de ces petites pattes qui s’évertuent encore à gigoter et je remarque à ce moment-là, le ballet incessant des familles des victimes qui virevoltent dans la pièce… beurk… je gagne alors un méga bonus Indiana Jones et je passe à +17.

Quelques instants plus tard, l’autobus repars et nous arrivons sans plus d’encombres a NY (avec près de 6h de retard).

Le choc.

La gare routière étant située en plein centre de Manhattan (à l’angle de la 41eme et 8eme pour faire local), c’est l’effervescence de la ville que vous prenez en pleine face. Ça roule, ça freine, ça klaxonne, ça double, ça s’insulte, ça parle dans leur cellulaire, ça fait la manche… vous êtes aux antipodes de la retraite monastique d’un couvent dans les Ardennes

Première des choses, il est 11h30 du matin et l’homme a faim. Il se met alors en chasse, à la recherche de son gibier. C’est décidé, l’homme veut poser un geste citoyen et anti capitaliste et décide ce week-end de ne pas abreuver les multinationales que sont Mc Ronald et Starduck (oui, les noms ont été changés volontairement parce que l’homme, même si il est idéaliste, n’a juste pas les moyens de se taper un procès avec ces cons). Échelle Jose Bové :  + 7.8.

Mes premières heures newyorkaises commencent par la visite de la High Line. Mais avant de poursuivre, et pour la clarté du récit, veuillez noter que chaque fois que j’évoquerai le terme « petite ballade », le lecteur aura pour tâche de comprendre que je me suis vautré dans mon sens de l’orientation (légendaire) et que je me suis paumé (Echelle Vasco de Gamme :-148 à chaque fois, mais +46 sur l’échelle d’Indiana Jones, pour le danger, l’aventure, le frisson, le risque). Bref après une petite balade sur la côte ouest de l’ile de Manhattan, me voici enfin au début de cette voie verte, ancienne ligne de métro aérien reconvertie en passage piéton rempli de verdure. Mélange industriel et végétal, la promenade est agréable, point de vue très sympathique des gratte-ciel baignés par cette lame de vert salutaire (non pas de « vers solitaire »… je m’abstiendrais de parler ici de parasites intestinaux…). Les touristes comme moi sont ravis, il y a même des locaux qui profitent du beau temps pour flâner ou rêvasser sur les chaises longues… petit break (gros matage des beautés locales, en fait…)

15h l’auberge de jeunesse va bientôt ouvrir ses portes, je décide de m’arracher à ce banc qui me manque déjà et après une autre petite ballade jusqu’à un métro, je trace jusqu’à l’auberge…

(À suivre…)