lundi 19 juillet 2010

Soleil Levant (suite)

Un de mes potes tchèques présent a Saku (comme chaque année) et que tous les lecteurs aïkidokas auront reconnus joue quelque fois les cascadeurs de cinéma.

Prague est une ville très prisée en matière de cinoche et il arrive que les boites de productions fassent appel a de la ressource locale pour jouer les stunt-men.
Or l'homme en question a un vrai physique de cinéma (cliquez sur « Aiki Ondra » a gauche), ancien hockeyeur, grand, large, le sourire qui dit "va te faire foutre", un vrai modèle !!!

Alors qu'il me montrait les photos de ses dernières participations (dont "Wanted" avec Angelina Jolie et Morgan Freeman), Endo Sensei intrigué lui a pose la question:

"What is your job in the movies?"
"Well... usually, I die" (grimace a la Robert de Niro)

J'en ris encore...

mercredi 14 juillet 2010

Soleil Levant (suite)

Je ne vais pas forcement détailler chaque jour de mon séjour à Saku.
Je ne perds pas de vue qu'une grande majorité de lecteur de ce blog n'a qu'un rapport très lointain avec le milieu de l'aïkido et vous raconter dans le détail comment, chaque jour, j'ai essayé de dérouiller des japonais vous porterait à croire que je ne peux pas les supporter. Et s’il n'y avait que des japonais !! En fait j'ai essayé de maraver tout ce qui bougeait là-bas...
L'ennui dans l'histoire c'est que mes victimes faisaient elles-aussi de l'aïkido et étaient venues à Saku pour les mêmes raisons que moi ! A tel point qu’il m'est arrivé quelquefois de douter de Newton et de sa gravité tellement je volais au dessus des tatamis (vols de courte durée, se finissant toujours par un atterrissage pour le moins calamiteux, dans le genre "Eh ? Je vole !!! Ah ben non en fait, ouch ca va faire mal..." et bam !!!).

Mais Saku c'est surtout un concentré de plein de choses.
La veille du séminaire par exemple, c'est un peu comme un jour de rentrée des classes mis a part que cette fois-ci je connais déjà le prof et que je suis mieux classé en sport !!! (Héhéhé, revanche). On y retrouve des amis venus de loin (parisiens, bordelais, tchèques, allemand) et des nouvelle têtes (dont certaines parisiennes, bordelaises, tchèques et allemandes !).

Saku c'est aussi un lieu de défi !
Oui, chers lecteurs (ben oui dès que vous êtes plus de deux, je peux utiliser le pluriel et faire croire que vous êtes des centaines, trop la classe !), non seulement c'est un défi de fumer la gueule à des japonais qui sont là pour la même chose que vous, mais vous n'imaginerez pas quels autres défis, il faut relever...

Allez, je vous dévoile un peu mes victoires ordinaires :

Faire du vélo.
Celui qui a dit que le vélo ne s'oubliait jamais n'est qu'un imbécile.
Faire du vélo, ca s'oublie !
Mes fesses par exemples avaient très bien oublié ce qu'était de faire du vélo !!
Ma capacité à me repérer dans l'espace aussi...
Pensez donc, c’est a Saku que j'ai réalisé que j'étais plus doué pour le kilométré lancé que pour le slalom... car, en fait, j'arrive a peu près a faire du vélo... mais uniquement en ligne droite !
Ca limite un peu les déplacements, je vous prie de le croire.
Or tous les déplacements a Saku se font à vélo !!
Ayez une petite pensée pour mes fesses s’il vous plait, oui je sais, dit comme ça, c'est un peu bizarre, mais ca me fera du bien.

Faire des discours.
Ca c'est récurent au Japon.
On doit toujours faire des discours.
Ce n'est pas tant ce qui est dit qui est important mais plus le fait de s'exprimer devant tout le monde (et là je passe pour un anthropologue ultra-sérieux, quel escroc !).
L'exemple par excellence est la visite au maire de Saku.
Tous les ans, Endo Sensei notre hôte, nous emmène tous à vélo pour être présenté au maire de la ville.
Maintenant que vous connaissez mes aptitudes à bicyclettes, je vous laisse imaginer l'aventure que cela à été pour moi de suivre le convoi de l'extrême...
Arrivé (on ne sait encore comment) à la mairie, dans la salle de conférence, nous écoutons religieusement le maire nous présenter sa ville (notez que je n'ai pas dit attentivement mais « religieusement » parce que comme à la messe, on y vient avec beaucoup de bonne volonté mais à partir d'un moment on décroche).
Puis tout a coup nous sommes appelés tour a tour pour prononcer quelques mots. A priori, cette année un représentant de chaque pays doit se plier a l'exercice (et la je comprends pourquoi la quasi totalité de mes amis français se sont évaporés). Commencent alors de difficiles négociations avec Bernard (autre seul représentant de la mere-patrie) lorsque la voix d’Endo Sensei traverse la salle
"Philippe-san, Canada !!"
Ouch !
C’est l’inconvénient d'avoir invité Endo Sensei chez moi a Montréal quelques semaines avant. Il se souvenait de moi...
Me voila donc devant le maire, le micro a la main en train de bredouiller 2 ou 3 pauvres phrases dans un anglais boiteux, brouillons de phrases qui sont immédiatement traduites en japonais a l'attention de Endo Sensei et du maire.
Je dois aujourd'hui saluer le talent de la traductrice car à ma grande surprise, l'effet a été plutôt positif (magie de la traduction !!!).

Préparer les repas:
A Saku, les petits-déjeuners et les diners se prennent dans le dojo. Les stagiaires (de tous horizons) se repartissent les taches en fonction de leurs disponibilités et de leurs aptitudes. Tout cela dans une sorte de discipline naturelle et librement consentie.
Etant un des premiers debout (maudit décalage horaire), je me suis retrouvé plus d'une fois dans la cuisine a 7h du mat’, l'œil hirsute et le cheveu hagard (ou le contraire).
Ainsi j'ai rapidement proposé mon aide pour préparer le petit déjeuner.
Méfiance du groupe de jeune japonais...
Premier jour, on me confie des pommes de terre à couper en dés.
Ok, c'est un début…
La ceinture blanche de la préparation culinaire en quelque sorte.
Peut être que les japonais se disent que, déjà, si je pense à peler la patate avant de la découper, ca sera gagné...
Devant ma maitrise (non s’il vous plait, pas de félicitations ! je viens juste de couper des patates, faut pas délirer), je passe au niveau 2 dès le lendemain : la découpe de l'omelette en losange.
Pourquoi pas en carré me direz-vous ?
Parce que, bande de barbares, vous saurez que les carrés dans une assiette, c'est moche et que les angles aigus du losange rendent ca plus harmonieux (esthétique japonaise).
Ok...je découpe donc les deux omelettes géantes en losanges... sous les regards discrets Les attentes sont élevées car ce je vais rester sur la découpe de l'omelette pendant quelques jours jusqu'a l'apothéose !!!
La ceinture noire de la préparation du petit dej`: la découpe du concombre.
A vrai dire quand on m'a posé la question "Sais tu découper un concombre?" j'aurais du me méfier car la réponse n'était pas celle que j'ai donné :
"Ben euh ouais, tu prends un concombre, un couteau et tu coupes...".
Le visage blasé de la japonaise m'a tout de suite fait comprendre que je m'étais gouré...
Petit cours de découpe du concombre à la mode de Saku (Bernard, nouveau lecteur de ce blog, sait de quoi je parle):
Prenez un concombre, coupez-en une extrémité.
Retournez le légume et coupez l'autre extrémité, mais en faisant une plus grosse découpe.
Ramassez le bout que vous venez de couper et frottez l'endroit de la coupe de façon circulaire jusqu'a ce qu'une mousse blanche se forme (j'avais pas réalisé a quel point ca pouvait être pornographique).
Une fois que la mousse blanche est apparue, découpez le pourtour du concombre en biseau pour éliminer la mousse blanche (là, on est tous d’accord, s'arrête le cote porno du truc...).
Puis il convient de "raser" le concombre.
Oui "raser", pas peler mais éliminer avec le fil du couteau toute les petites excroissances sur le corps du légume...
Une fois que cela est fait, vous pouvez commencer à couper le concombre en rondelles, biseautées de préférence et avec un rythme rapide sinon le regard de votre camarade japonaise vous fera comprendre que tout le monde vous attend.
Seulement deux étrangers sont arrivés jusque la !!!
Uniquement deux !!
Français de surcroit !!!
Bernard et moi sommes fier d'avoir ce jour la passé avec honneur le niveau de la découpe du concombre...
Peut être allons nous faire une confrérie secrète, comme les rose-croix mis a part que notre emblème sera un concombre et un couteau japonais !!!

Vous comprendrez qu'après Saku, je ne suis plus le même homme.
Mon regard ne quitte plus l'horizon.
Je vois des choses que personne ne voit, je fais des choses que personne ne fait (parlez-en a vos copines célibataires.... oh ca va ! c'est une petite blague...).


Certes je ne casse pas encore de brique avec mes fesses (private joke pour Mascotte Psycho et Squirel Killer) mais donnez moi un concombre, et je vous fais des merveilles (hum, cette phrase, là aussi, sortie de son contexte, pourrait me valoir pas mal de messages privés...).

jeudi 8 juillet 2010

Soleil Levant (suite)

Ne vous impatientez plus, public en délire, voila la suite de mes aventures japonaises !!!
Quand je pense que vous m'avez même accompagné dans la salle de bain !!!
D'ailleurs à ce propos, le trouble dans vos yeux plein d'envie en m'imaginant complètement nu me gène un peu, je vous l'avoue...
Je crois que je ne m'habituerai jamais d'être un sex symbol (soupir)…

Je passe sur mon premier repas achète au "dépanneur" du coin de la rue: Onigiri (boule de riz fourré a ... je ne sais pas trop, comme je ne sais pas lire l'étiquette c'est toujours un peu la surprise) et gâteau à la prune le tout arrose par un Fanta local (ce repas ne sera pas place sous le signe de la gastronomie, c'est sur).

Premier lève de soleil sur les buildings de Tokyo...
C'est boooooo mais surtout putain que c'est tôt.
Décalage horaire oblige, je suis debout a 5 heure du mat'

Mais je ne suis pas contrarié car aujourd'hui je joue les fashion victims !!!
Pretty Woman version testostérone !!
Aujourd'hui je me rends chez Sakuraya.
Qu'est ce que c'est Sakuraya?
Et bien Sakuraya est un tout petit magasin spécialisé dans le Kendo, le Iaido et l'Aïkido.
Pour faire simple, c'est un magasin ou je vais acheter un nouvel hakama... pour faire encore plus simple, ma jupe (je ne voulais pas aller jusque la, mais...)
Ben oui, l'aïkido a ceci de particulier que plus vous progressez, plus vous gagnez en confiance, plus vous avez des épreuves que votre amour-propre doit surmonter.
Et c'est pourquoi une fois que vous commencez à vous sentir à l'aise et a faire le kakou, on vous oblige à porter une jupe...
L'effet pervers est qu'a ce moment la on ressent même de la fierté à en porter une...

Me voila donc dans le magasin.
Les murs du magasin sont recouverts de sabres en bois (le pratiquant d'art martiaux aussi paradoxal que cela puisse être est très maladroit), d'armures (au cas ou votre partenaire est très, mais alors très maladroit) ou de réplique de sabres pour le Iaido.
Pour un peu je m'attendrais a voir surgir Uma Thurman dans Kill Bill ou même un vrai ninja... bien que si je voyais un ninja ce ne serait pas le plus doué des ninjas, n'est il pas ?

La scène est typiquement japonaise.
Un vieux japonais (si vieux qu'il à l'air d'avoir assisté lui-même a la création des arts martiaux) et un jeune gamin de 15 ans me saluent respectueusement.
Apres les formules de politesse en japonais, j'explique (en anglais) que j'ai acheté un hakama ici il y a 5 ans et que je voudrais en acheter un autre tellement celle-ci sont de bonnes qualités (oui, vous ne rêvez pas je suis en train de discuter sur la qualité d'une jupe, a ce moment la, j'ai bien cru perdre définitivement mes testicules !!).

En même temps que je montre mon ancien hakama (celui que j'avais acheté il y a 5 ans) au vieux japonais en face de moi, je vois le novice se précipiter dans l'arrière boutique pour en ressortir quelques minutes plus tard avec un carnet a spirale ouvert a la page de ma commande d'il y a 5 ans avec l'intégralité des mesures, le poids du tissu, mon prénom en japonais etc !!!
Enorme !
On reprend deux ou trois mesure histoire de vérifier que mon petit corps d'athlète n'a pas change depuis ces 5 dernières années et le tour est joue.
Mon kilt japonais (a manche longue, ce qui permet tout de même de ne pas s'épiler trop régulièrement) sera prêt dans quelques semaines et livré directement a Montréal (le luxe !)

Je quitte le magasin et je mets le cap sur la gare de Tokyo ou je prends le train pour Saku (1h30 de Tokyo, sur la route de Nagano).

to be continued