samedi 7 décembre 2013

Le poids des traditions

Selon une tradition colombienne (merci Pedro et Maria), un homme se doit avant 40 ans de faire trois choses : Écrire un livre, planter un arbre et faire un bébé.
 Je ne vous cache pas qu’au moment précis ou j’ai découvert l’existence de cette tradition, le vertige de ces 13 petits mois qui me séparent de mes 40 ans m’a fait tituber.
13 mois, c’est à la fois énorme, mais très court à la fois.
Expédions si vous le voulez bien la partie la plus facile, le livre.
Je dis « facile » parce que de ce cote-là, je ne crains personne. Car vous allez m’accorder sans discuter le fait que ces traits de génie pondus à grand coup de transpiration cérébrale valent bien un bouquin.
En fait à bien y regarder, c’est juste le support qui change…. Ah, et le fait aussi que je ne connaitrai jamais le frisson narcissique de l’auteur qui dédicace son œuvre a une lectrice troublée de rencontrer enfin l’homme qui l’enivre de ces mots suaves qu’elle chuchote au crépuscule, son visage rougissant d’extase difficilement contenue, délicatement éclairé par l’écran de sa tablette électronique distillant les phrases qui vont hanter ses rêves coupables d’éternelle jeune femme ….
Aaaaaaahhhhhh, j’arrête, je m’excite tout seul…
Non personne ne viendra avec le recueil de mes articles me demander de bien vouloir y apposer ma signature …La vie est cruelle parfois.
Pourtant, ne me dites pas que la fulgurance de mes articles n’est pas à la hauteur des œuvres littéraires des plus grands génies de la langue française!
Car je vous ferai remarquer aussi sec que les plus illustres auteurs ont eu eux aussi commis des banalités de la pire espèce…
Baudelaire lui-même après avoir écrit  quelque chose d’aussi beau que « Mais qu'importe l'éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance !  »..
Et bien Baudelaire lui-même, après avoir écrit ça, lâchait une caisse et racontait à qui voulait l’entendre une blague de cul du plus mauvais gout !
Hugo aussi, oui, Victor Hugo  lui-même quand il n’était pas occupé à faire de lui le monument le plus célèbre de toute la littérature française ou a besogner sans retenu une femme de chambre, Hugo lui-même écrivait des platitudes…
Non la seule différence entre ces génies de la littérature française et moi c’est que je vous fais le témoin privilégié de mes éructations littéraires… vous êtes le témoin voyeur de mon intimité, et vous aimez ça.
Troublant n’est-ce pas ?
Non, c’est dit, écrire un bouquin, c’est fait !
Un sur trois.
Attaquons nous maintenant au vrai problème…
Celui qui fait que mes parents  ne sont pas encore tout à fait fiers de moi…  Ce qui fait que je n’arrive pas à soutenir fièrement leur regard, ce qui fait que persiste en moi ce gout d’inachevé, moi, ce semi homme qui n’a jamais pu faire… pousser quoi que ce soit.
Mais oui, bande de malotrus, c’est bien de cela qu’il s’agit, il me faut, avant mes 40 ans, planter un arbre…
Pour moi qui n’ai jamais eu le pouce vert, c’est une vraie gageure !
Non, j’exagère, une fois, j’ai fait pousser des haricots secs dans du coton hydrophile…
Une fois… quand j’avais 11 ans…
Mais bon… je vous ai déjà extrait avec difficulté  l’idée de faire passer ce blogue pour un bouquin, faudrait être sacrement balèze pour vous faire prendre mes haricots germés pour des baobabs…
C’est une réalité, je le confesse, tout ce que j’essaie de faire pousser crève … je pense que je suis capable de faire sécher un cactus ou de noyer un nénuphar… heureusement que ma subsistance ne dépend pas de la culture du cannabis parce que je serai déjà sur la paille… enfin façon de parler, je ne sais même pas comment produire du foin.
Et puis un arbre a quoi ca sert ? Non, je suis sérieux… Mise a part la promesse d’un possible Futur pour les nouvelles générations ingrates, un arbre, ca sert a quoi? En plus les animaux les plus débiles y font pipi dessus… les chiens a mémères, les écureuils, les moufettes, les mecs bourrés…. Blague a part, c’est quoi l’animal le plus intelligent sur cette Terre ? Le dauphin, admettons… A-t-on déjà vu un dauphin faire pipi contre un arbre ? Non, et bien, c’est bien la preuve, non ? Tous les animaux les plus débiles font pipi sur les arbres, et je ne laisserai pas une de mes œuvres se faire faire souiller par la miction d’un quelconque animal de la création fut elle, divine.
Mais bon… comme je suis un être compréhensif et accommodant (certains lecteurs doivent sourire en ce moment, spéciale dédicace à Baptiste), je veux bien essayer de me plier à la tradition colombienne que nous avons évoquée et je consens à replanter mon sapin de Noël après les fêtes… En plus il est en plastique, il ne souffrira pas des intempéries.
Allez, l’arbre, on biffe !
Qu’est ce  qui reste??? Ah oui, le têtard…
Bon ben ça, ça va demander un peu d’aide extérieure… ben oui je ne vais pas me reproduire par une espèce de processus de mitose (avec un « T » pas un « Y-C », le truc qu’on attrape a la piscine, d’ailleurs je ne vais jamais a la piscine ! ça pue le chlore, on est à moitié nu et on ressort les yeux rouges de lapin touchés par la Myxomatose).
Le bébé, on ne va pas se le cacher, c’est pas gagné…
Je ne rejette pas le défi, bien au contraire, c’est une des activités physiques les plus rigolotes que je connaisse (sauf qu’il faut se dessaper), mais c’est juste que le temps qui m’est imparti m’apparait très peu favorable à la réussite de l’entreprise.
En fait, je n’y connais pas grand-chose mais selon mes sources il faut bien 9 mois pour avoir un bébé….Et j’ai même entendu dire que si je mettais deux femmes enceintes de façon quasi simultanée (oui, « quasi » parce que sinon, j’vois pas), et bien je ne pourrais pas faire tomber le délai a 4,5 mois… c’est comme si c’était un genre de délai de livraison incompressible.
Incompressible, on s’entend, je peux essayer de jouer sur les quelques minutes que vont durer les ébats mais face aux 9 mois de grossesse (j’avais écrit « gestation »mais ça fait trop mammifère.., faut pas déconner on parle de mon enfant tout de même…), ça ne me semble pas décisif…
En plus, je n’arrive pas à me faire une idée claire au sujet des enfants… Comment être sur que le monde (la Nature, avec un grand « N ») veuille que je me reproduise? L’humanité est-elle prête a accueillir un deuxième moi?… Est-ce souhaitable pour l’équilibre du monde déjà sérieusement instable? Comment être sur de supporter de ne plus être le seul objet d’attention de la femme qui voudra bien de moi? Comment être sur que le têtard le fruit de notre amour… de notre relation,… ouais de notre coït, en fait,  sera meilleur que moi?…Je suis d’accord avec vous, la barre est haute tout de même… (Arrêtez de me flatter!)
C’est vrai je ne suis pas n’importe qui, ah ben oui, tel que c’est parti, a 40 ans j’aurais déjà écrit une œuvre et plante un urinoir a Youki.
Mais imaginez maintenant que je mette au monde (certes avec le concours d’une naïve jeune femme) un con… un épais, un insignifiant… et quand je dis insignifiant, c’est bien entendu dans le meilleur des cas, imaginez que le produit de mes ébats se révèle un nazillon de première, un débile si profond qu’il ne se reconnaitrait même pas dans le reste de l'humanité qui l’entoure… Ça peut arriver… Les tyrans les plus connus ont eux aussi des papas et des mamans…
Sans parler des messages très confus que m’envoient les amis qui dans un élan d’inconscience ou maladresse contraceptive, ont engendré des rejetons. Un jour, les parents sont super fiers de leur progéniture parce que ledit petit a réussi a dessiner sans dépasser, le jour d’après ils se renseignent si Nike, par hasard,  n’embaucherait pas des jeunes ouvriers spécialisés  pour coudre des pompes en cuir au Pakistan. Ça n’a pas l’air très clair tout ca…
En plus mes 40 ans moins 9 mois me laissent, grosso modo, 146 jours pour trouver une jeune femme a ce point désespérée pour accepter, sans connaître en détail les méandres fascinants de ma personnalité, de faire un enfant avec moi. C’est mort. En plus 9 mois ca nous emmène au mois d’avril… avril…  Avril c’est le mois le moins sexy qui existe au Quebec, certes c’est le printemps et les gars ont les hormones au taquet mais c’est aussi le moment ou les filles du Quebec sortent d’une hibernation pileuse de 6 mois !
Et je ne suis pas sûr de pouvoir passer la nuit avec un yeti…

vendredi 19 juillet 2013

Tu me fais craquer

Vous savez tous que la relation entre un patient et son médecin est quelque chose de très particulier. Mesdames, vous n’avez qu’à penser à un gynéco ou messieurs a un proctologue et vous saurez tout de suite de quoi je parle.

Or vous connaissez mon aversion pour toutes les activités qui m’oblige à apparaître quasiment nu devant quelqu’un. Inutile de vous dire que ma dernière visite chez un ostéopathe n’était pas gagné d’avance.

Mais, avant de continuer plus loin, je me dois de faire une parenthèse pour ma propre sécurité. Il est susceptible d’y avoir parmi les lectrices de ce blog une ostéopathe, charmante au demeurant qui pourrait s’étonner du choix de me tourner vers un autre ostéopathe qu’elle.
Et même si j’ai encore l’avantage technique en matière d’aïkido sur elle, je préfère tout de même m’expliquer pour préserver mon intégrité physique.

La raison pour laquelle je suis allé chez un ostéopathe homme plutôt que cette jeune femme est qu’il m’est très difficilement envisageable d’imaginer sa main sur mon genou (voire mes hanches) sans qu’une réaction, certes tout à fait naturelle, mais O combien gênante, ne risque de se produire. Alors pour continuer de pouvoir lui parler les yeux dans les yeux j’ai préféré un modèle nettement plus masculin.

Vous souriez mais ce n’est pas anodin. Surtout lorsque l’ostéo en question vous regarde le bas du dos et vous dit que vous avez le sacrum vrillé. Vous savez qu’a un moment ou à un autre ses mains vont s’approcher d’une zone de votre personne qui n’est offerte que très rarement (trop, diront certains) au contact de mains étrangères.
Mais ne précipitons pas les choses, la consultation s’ouvre inévitablement par une séance de questions- réponses très particulières.
Et il est toujours extrêmement difficile de savoir quoi répondre a un ostéo.
Je veux dire par là que lorsque le gars demande si vous avez déjà eu des accidents et que comme moi, vous êtes absolument étranger au moindre hôpital (« tout est bio, chez moi, ma p’tite dame,  touchez moi ça, rien que de la pièce d’origine…) et que donc vous répondez non, et là, le gars insiste en vous demandant si vous ne vous êtes jamais pris un gadin en ski… Ah ben ça oui, forcement… mais vous lui expliquez que vous vous êtes pris aussi des gamelles en vélo quand vous aviez 6 ans mais vu que ça remonte à 32 ans, vous pensiez que cela n’avait pas d’importance. Incompréhension mutuelle..

Mais le gars ne se démonte pas et poursuit avec des questions nettement plus bizarres que même personnes n’osent poser en speed dating: Et sexuellement ? ça va ?
Euh oui… (vu que vous avez été échaudé par le coup du ski vous vous demandez inévitablement, jusqu’où il tente d’aller fouiller). Pas de problème de système endocrinien? Devant votre face figée (comme si vous essayez de diviser 45683 par 12), il précise, pas de problème avec vos testicules?
...
Euh non ça va, mais là, vous vous surprenez à devenir un brin paranoïaque… ça va, ça va… d’un autre côté, vous n’avez pas beaucoup d’élément de comparaison…

L’interrogatoire terminé, vous vous déshabillez (sereinement car vous avez prévu le coup et vous avez soigneusement évité de mettre le boxer vieux de 15ans, subtilement aère grâce à l’effort combiné des mites et du temps qui passe…
Apres vous avoir fait arpenter la pièce, il vous annonce comme je l’ai dit au-dessus que votre sacrum est vrillé. Vous ne pouvez pas vous empêcher de vous demander ce que vous avez bien pu faire pour vous vriller les miches, quoi qu’il en soit, il vous allonge sur la table et s’attaque à la zone en question… oui, il vous met littéralement la main au cul… c’est certes inconfortable mais vous ne pouvez que vous féliciter en vous retournant sur le dos de ne pas avoir choisi de consulter la jeune femme ostéo que vous connaissez… aucune réaction parasite de votre sanguinité ne vient remplir de confusion la relation entre vous et le manipulateur… vous vous détendez…
… jusqu'à ce qu’il vous attrape les oreilles et commence à jouer avec comme avec les rennes d’un cheval.

On vous avait bien prévenu qu’il lui arrivait de faire ça, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de penser que c’est un peu bizarre tout de même…  une main au cul à la limite, vu que vous aviez évoqué des problèmes de hanches mais de la a jouer avec vos cages a miel…
Vous faites une tête assez particulière car il se croit obligé de vous expliquer ce qu’il fait, s’ensuit un speech de quelques minutes sur les chaines musculaires et les liaisons oreilles-temporal… et bassin, que vous comprenez a moitie vue que ne l’oublions pas vous avez ses deux mains pognées sur vos attributs auditifs (je crois même avoir entendu la mer a un moment donné).

 Petite pause, il relâche les deux objets de sa perversité et vous demande si tout est ok, si vous avez des vertiges… Vous lui répondez que vous avez la sensation que le plafond se rapproche, que c’est troublant, il vous répond que c’est normal il est en train de remonter la table sur laquelle vous êtes allonge… silence gêné…
Vous vous jurez de ne plus répondre aussi vite à ses questions, histoire de ne pas passer pour un demeuré et c’est à ce moment-là qu’il choisit de vous faire réviser les positions 35 et 42 bis du Kâma-Sûtra, en enroulant votre bras autour de vous, en équilibre sur une fesse au bord du vide et en vous secouant dans de grands spasmes… Forcément, votre colonne craque un peu et comme après une séance de révision du Kâma-Sûtra, vous vous sentez mieux.. (Certains pourraient même avoir envie d’une cigarette).

Et vous ressortez de la, en peu courbaturé mais la démarche souple du grand félin indomptable que vous avez toujours été…

samedi 29 juin 2013

Intimacy Issue


On me dit aujourd’hui que j’ai un (en anglais) “Intimacy issue”… J’ai bien essayé de traduire mais si je vous dis que j’ai un problème avec mon intimité, vous allez me regarder bizarrement et je vais perdre toutes mes chances de draguer mes lectrices (ce qui est la principale motivation des auteurs de tout poil).
Euh, bonjour, au fait… content de vous revoir.
Je n’ai pas de problème avec mon intimité, pas plus que n’importe qui, j’veux dire… comme tout le monde je suis incapable de me promener en T-shirt et je ne supporte pas de me mettre en maillot de bain …. Comme tout le monde, quoi, pas de quoi en faire un plat.
Vous allez me dire que ça ne doit pas faciliter ma vie sexuelle et je vous répondrai que je porte assez bien en revanche la combinaison de cuir ou de latex (plus pratique car on peut la laver, c’est loin d’être un détail).
La, normalement, vous vous dites « hum, trop d’informations »… Et bien c’est exactement mon point d’aujourd’hui. Il y a des choses qui ne se partagent pas.
Et je suis systématiquement effaré quand une conversation anodine glisse tout à coup vers des détails scabreux.
Le dernier exemple parle de lui-même.
Ce matin à mon travail, je rejoins un groupe de collègues, deux en fait…un p’tit groupe, quoi… un groupinet… (avec la voix de Titi) c’est ça, ce matin j’ai vu passer un groupinet…
Le premier gars est en train de parler au deuxième de la fantastique coïncidence (tenez-vous bien) qu’il est en train de vivre. Il y a 13 ans presque jour pour jour, ce gars a eu une douleur a la mâchoire, sur la gauche. Il est allé chez le dentiste et on lui avait fait une dévitalisation. 7 jours après, la même dent mais de l’autre cote… même chose… ça fout la trouille, hein???  Oui, non, pour être honnête moi non plus.. Mais je me suis dit que ca ne devait pas être la chute de son histoire et que la suite pouvait être plus passionnante et je me suis accroché.
Le gars continue.
Il y a quelques jours de cela, une douleur réapparait au même endroit que la première fois…
Treize ans après, troublant n'est ce pas?
Et tenez-vous bien, une semaine plus tard c’est la copine d’en face qui se fait sentir dans la mâchoire de mon pote « Joe-les-chicots »…. Non mais, j’vous jure !!! Et les mayas n’avaient même pas prévus ça !!!!!!! Un truc de dingue…

J’allais tomber en catalepsie totale devant l‘insignifiance de cette conversation quand l’autre lâche un « c’est comme moi avec ma vasectomie ».

Hein?!
Quoi?!?!?!
Non je ne rêvais pas, le deuxième gars venait de lâcher le mot « vasectomie » dans une conversation entre collègues…
Avant même d’essayer de transposer l’histoire de quenotte de Joe-les-chicots dans le caleçon de l’autre gars, j’aimerais juste qu’on me dise un truc : N’y’a-t-il que moi que ça choque !?!?!?!?!
Je veux même pas savoir si son testicule droit s’est réveillé huit ans après qu’on lui a coupé les vivres !!!
Je ne veux pas savoir non plus si il s’est réveillé pile poil (haha) une semaine après le testicule gauche !!!
Non, on ne parle pas d’une dévitalisation  de ses testicules le matin au travail !!!!!!
Les yeux ébouriffés, je passe le meeting complètement effaré parce que je viens d’entendre, cherchant à savoir ou ce gars a-t-il vu les signes qui pouvait l'encourager a nous faire ce genre de confidence et je remonte partager mon ahurissement à ma collègue et amie qui a ma plus grande consternation me dit que j’ai un « Intimacy issue » et que je dois travailler sur moi.
L’autre me parle de son embargo testiculaire et c’est moi qui aie un problème d’intimité…
Comprends pas…
Un problème d’intimité ? Moi ? Auteur de ce blog?? Allons…