Vous savez tous que la relation entre un patient et son médecin
est quelque chose de très particulier. Mesdames, vous n’avez qu’à penser à un gynéco ou messieurs a
un proctologue et vous saurez tout de suite de quoi je parle.
Or vous connaissez mon aversion pour toutes les activités
qui m’oblige à apparaître quasiment nu devant quelqu’un. Inutile de vous dire
que ma dernière visite chez un ostéopathe n’était pas gagné d’avance.
Mais, avant de continuer plus loin, je me dois de faire une parenthèse
pour ma propre sécurité. Il est susceptible d’y avoir parmi les lectrices de ce blog
une ostéopathe, charmante au demeurant qui pourrait s’étonner du choix de me
tourner vers un autre ostéopathe qu’elle.
Et même si j’ai encore l’avantage technique en matière d’aïkido
sur elle, je préfère tout de même m’expliquer pour préserver mon intégrité
physique.
La raison pour laquelle je suis allé chez un ostéopathe
homme plutôt que cette jeune femme est qu’il m’est très difficilement
envisageable d’imaginer sa main sur mon genou (voire mes hanches) sans qu’une réaction,
certes tout à fait naturelle, mais O combien gênante, ne risque de se produire. Alors pour continuer de pouvoir lui parler les yeux dans les
yeux j’ai préféré un modèle nettement plus masculin.
Vous souriez mais ce n’est pas anodin. Surtout lorsque l’ostéo
en question vous regarde le bas du dos et vous dit que vous avez le sacrum
vrillé. Vous savez qu’a un moment ou à un autre ses mains vont s’approcher
d’une zone de votre personne qui n’est offerte que très rarement (trop, diront
certains) au contact de mains étrangères.
Mais ne précipitons pas les choses, la consultation s’ouvre inévitablement
par une séance de questions- réponses très particulières.
Et il est toujours extrêmement difficile de savoir quoi répondre
a un ostéo.
Je veux dire par là que lorsque le gars demande si vous avez
déjà eu des accidents et que comme moi, vous êtes absolument étranger au
moindre hôpital (« tout est bio, chez moi, ma p’tite dame, touchez moi ça, rien que de la pièce
d’origine…) et que donc vous répondez non, et là, le gars insiste en vous
demandant si vous ne vous êtes jamais pris un gadin en ski… Ah ben ça oui,
forcement… mais vous lui expliquez que vous vous êtes pris aussi des gamelles
en vélo quand vous aviez 6 ans mais vu que ça remonte à 32 ans, vous pensiez
que cela n’avait pas d’importance. Incompréhension mutuelle..
Mais le gars ne se démonte pas et poursuit avec des
questions nettement plus bizarres que même personnes n’osent poser en speed
dating: Et sexuellement ? ça va ?
Euh oui… (vu que vous avez été échaudé par le coup du ski
vous vous demandez inévitablement, jusqu’où il tente d’aller fouiller). Pas de problème de système endocrinien? Devant votre face figée
(comme si vous essayez de diviser 45683 par 12), il précise, pas de problème
avec vos testicules?
...
Euh non ça va, mais là, vous vous surprenez à devenir un
brin paranoïaque… ça va, ça va… d’un autre côté, vous n’avez pas beaucoup d’élément
de comparaison…
L’interrogatoire terminé, vous vous déshabillez (sereinement
car vous avez prévu le coup et vous avez soigneusement évité de mettre le boxer
vieux de 15ans, subtilement aère grâce à l’effort combiné des mites et du temps
qui passe…
Apres vous avoir fait arpenter la pièce, il vous annonce
comme je l’ai dit au-dessus que votre sacrum est vrillé. Vous ne pouvez pas
vous empêcher de vous demander ce que vous avez bien pu faire pour vous vriller
les miches, quoi qu’il en soit, il vous allonge sur la table et s’attaque à la
zone en question… oui, il vous met littéralement la main au cul… c’est certes
inconfortable mais vous ne pouvez que vous féliciter en vous retournant sur le
dos de ne pas avoir choisi de consulter la jeune femme ostéo que vous
connaissez… aucune réaction parasite de votre sanguinité ne vient remplir de
confusion la relation entre vous et le manipulateur… vous vous détendez…
… jusqu'à ce qu’il vous attrape les oreilles et commence à
jouer avec comme avec les rennes d’un cheval.
On vous avait bien prévenu qu’il lui arrivait de faire ça,
mais vous ne pouvez pas vous empêcher de penser que c’est un peu bizarre tout
de même… une main au cul à la limite, vu
que vous aviez évoqué des problèmes de hanches mais de la a jouer avec vos
cages a miel…
Vous faites une tête assez particulière car il se croit
obligé de vous expliquer ce qu’il fait, s’ensuit un speech de quelques minutes
sur les chaines musculaires et les liaisons oreilles-temporal… et bassin, que
vous comprenez a moitie vue que ne l’oublions pas vous avez ses deux mains pognées
sur vos attributs auditifs (je crois même avoir entendu la mer a un moment
donné).
Vous vous jurez de ne plus répondre aussi vite à ses
questions, histoire de ne pas passer pour un demeuré et c’est à ce moment-là
qu’il choisit de vous faire réviser les positions 35 et 42 bis du Kâma-Sûtra,
en enroulant votre bras autour de vous, en équilibre sur une fesse au bord du
vide et en vous secouant dans de grands spasmes… Forcément, votre colonne
craque un peu et comme après une séance de révision du Kâma-Sûtra, vous vous
sentez mieux.. (Certains pourraient même avoir envie d’une cigarette).
Et vous ressortez de la, en peu courbaturé mais la démarche
souple du grand félin indomptable que vous avez toujours été…