jeudi 10 juin 2010

Soleil Levant (suite)

Décalage...
Un wagon rempli de Japonais et dans le fond une espèce de nuage parfumé.
Ce nuage c'est moi, encore englué dans les relents de parfum bon marché de ma voisine d'avion en plein délire psychotique.
Je m'octrois un peu de repos au fond du Narita Express qui m'amène de l'aéroport à la gare centrale de Tokyo.

Encore aujourd'hui, je n'ai qu’une vision très floue de cette heure et quart de train pendant laquelle j'ai alterné la phase de sommeil et la demi-veille.
Je me souviens surtout d'une affiche de pub pour des pneus avec Di Caprio... oui, oui la muse de Scorcèse... eh bien, le blondinet nous fait son regard énigmatique numéro #32 derrière un pneu !
Ah ce bon vieux Leo en train de faire une pub pour des pneus... ca n'a pas de prix...
Je regrette d'avoir mis mon appareil photo dans la valise et je repense a Lost in translation ou Bill Murray joue précisément un acteur d'Hollywood venu a Tokyo pour faire une pub très bien payée (et un peu humiliante).

Mais la moquerie ne dure qu'un temps.
J'arrive en gare de Tokyo et je plonge (malgré moi) dans le tumulte de la foule.
J'ai l'impression de nager en eau vive... les gens filent autour de moi... certains passent à gauche, à droite, me croisent...
Harnaché a mon sac a dos et cramponne a ma valise a roulette je descends ce torrent humain.
Ah ben non en fait je le remonte ! Une vague de costume trois pièces et de tailleurs à talon déferle tel un ouragan sur la pauvre Jamaïque que je suis !
Par miracle je suis toujours là, mes bagages aussi.
Je suis ballote, j'esquive tant bien que mal les flots de jeunes cadres dynamiques.
En fait, je ne suis pas du tout sur le même rythme, je voudrais flâner tandis que les japonais autour de moi courent après le métro pour rentrer chez eux !

Au loin, dans ce bouillonnement humain, ma ligne de métro !!
Metro dans lequel le touriste que je suis ne manque pas de dépareiller.
Je surprends quelques regard en coin mais encore aujourd'hui je ne sais pas si c'est a cause de mon look de routard, de mon odeur de vieilles greluche ou bien encore de mon numéro burlesque façon cirque du Soleil qui consiste a rattraper la valise a roulette a chaque fois que le wagon sursaute, c'est a dire a peu près toutes les 37 secondes !

Sorti du métro, ce qui devait arriver (beaucoup plus tôt), arrive: me voila incapable de retrouver mon chemin.
En fait soit je suis un vrai aventurier soit je suis un mec super optimiste (c'est une question rhétorique, pas la peine de cherche à y répondre) car en fait, le seul document qui me relie a mon hôtel c'est une plaquette d'accueil exclusivement écrite en japonais ... et mes souvenirs de 5ans auparavant !

Un peu gagné par la fatigue (c'est une des choses que je partage encore avec vous, simples mortels), je décide de couper court a l'épisode "Philippe cherche un indice qui pourrait lui permettre de se repérer dans un pays dont il ne connait pas la langue et dans lequel il a séjourne 10 jours il y a 5 ans !" et je décide de prendre un taxi.

Vous vous souvenez de ce monument du cinéma français avec Samy Nacery???
Et ben, au Japon, c'est presque exactement.... le contraire en fait !
Je m'approche du taxi, le chauffeur descend, un petit bonhomme tout ridé, en uniforme et gant blanc.
Tout d'abord impressionné, j'ai pitié de son dos et je mets moi même la valise dans le coffre et je lui demande s’il parle anglais.
La réponse que je craignais : bien sur que non (a moins d'être bilingue, un japonais ne dira jamais qu'il parle anglais).
Et la je tente ma première tentative de communication en japonais.
Pas super concluant...
Le malaise s'installe.
Je suis rouge de honte a ne pas savoir parler sa langue et lui est rouge de confusion de ne pas comprendre les sons que je produis.
Fort heureusement, je sors la plaquette de l'hôtel qui évidemment lui parle nettement plus qu'a moi.
Nous montons dans son taxi et nous voila partis dans des rues de plus en plus petites...
Quand je dis "petites" je parle de rues dans laquelle nous avons eu du mal à croiser un couple en file indienne avec une poussette !!!
Je commence a chercher comment dire a mon ravisseur qu'il n'est pas nécessaire qu'il m'emmène dans une rue glauque et mal éclairée pour me voler mes quelques yens...
Mais au détour d'une ruelle, la voiture s'arrête juste devant mon hôtel.

J'arrive a la réception, je remplie rapidement le formulaire et je me précipite aux bains !

À suivre…

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