mercredi 14 juillet 2010

Soleil Levant (suite)

Je ne vais pas forcement détailler chaque jour de mon séjour à Saku.
Je ne perds pas de vue qu'une grande majorité de lecteur de ce blog n'a qu'un rapport très lointain avec le milieu de l'aïkido et vous raconter dans le détail comment, chaque jour, j'ai essayé de dérouiller des japonais vous porterait à croire que je ne peux pas les supporter. Et s’il n'y avait que des japonais !! En fait j'ai essayé de maraver tout ce qui bougeait là-bas...
L'ennui dans l'histoire c'est que mes victimes faisaient elles-aussi de l'aïkido et étaient venues à Saku pour les mêmes raisons que moi ! A tel point qu’il m'est arrivé quelquefois de douter de Newton et de sa gravité tellement je volais au dessus des tatamis (vols de courte durée, se finissant toujours par un atterrissage pour le moins calamiteux, dans le genre "Eh ? Je vole !!! Ah ben non en fait, ouch ca va faire mal..." et bam !!!).

Mais Saku c'est surtout un concentré de plein de choses.
La veille du séminaire par exemple, c'est un peu comme un jour de rentrée des classes mis a part que cette fois-ci je connais déjà le prof et que je suis mieux classé en sport !!! (Héhéhé, revanche). On y retrouve des amis venus de loin (parisiens, bordelais, tchèques, allemand) et des nouvelle têtes (dont certaines parisiennes, bordelaises, tchèques et allemandes !).

Saku c'est aussi un lieu de défi !
Oui, chers lecteurs (ben oui dès que vous êtes plus de deux, je peux utiliser le pluriel et faire croire que vous êtes des centaines, trop la classe !), non seulement c'est un défi de fumer la gueule à des japonais qui sont là pour la même chose que vous, mais vous n'imaginerez pas quels autres défis, il faut relever...

Allez, je vous dévoile un peu mes victoires ordinaires :

Faire du vélo.
Celui qui a dit que le vélo ne s'oubliait jamais n'est qu'un imbécile.
Faire du vélo, ca s'oublie !
Mes fesses par exemples avaient très bien oublié ce qu'était de faire du vélo !!
Ma capacité à me repérer dans l'espace aussi...
Pensez donc, c’est a Saku que j'ai réalisé que j'étais plus doué pour le kilométré lancé que pour le slalom... car, en fait, j'arrive a peu près a faire du vélo... mais uniquement en ligne droite !
Ca limite un peu les déplacements, je vous prie de le croire.
Or tous les déplacements a Saku se font à vélo !!
Ayez une petite pensée pour mes fesses s’il vous plait, oui je sais, dit comme ça, c'est un peu bizarre, mais ca me fera du bien.

Faire des discours.
Ca c'est récurent au Japon.
On doit toujours faire des discours.
Ce n'est pas tant ce qui est dit qui est important mais plus le fait de s'exprimer devant tout le monde (et là je passe pour un anthropologue ultra-sérieux, quel escroc !).
L'exemple par excellence est la visite au maire de Saku.
Tous les ans, Endo Sensei notre hôte, nous emmène tous à vélo pour être présenté au maire de la ville.
Maintenant que vous connaissez mes aptitudes à bicyclettes, je vous laisse imaginer l'aventure que cela à été pour moi de suivre le convoi de l'extrême...
Arrivé (on ne sait encore comment) à la mairie, dans la salle de conférence, nous écoutons religieusement le maire nous présenter sa ville (notez que je n'ai pas dit attentivement mais « religieusement » parce que comme à la messe, on y vient avec beaucoup de bonne volonté mais à partir d'un moment on décroche).
Puis tout a coup nous sommes appelés tour a tour pour prononcer quelques mots. A priori, cette année un représentant de chaque pays doit se plier a l'exercice (et la je comprends pourquoi la quasi totalité de mes amis français se sont évaporés). Commencent alors de difficiles négociations avec Bernard (autre seul représentant de la mere-patrie) lorsque la voix d’Endo Sensei traverse la salle
"Philippe-san, Canada !!"
Ouch !
C’est l’inconvénient d'avoir invité Endo Sensei chez moi a Montréal quelques semaines avant. Il se souvenait de moi...
Me voila donc devant le maire, le micro a la main en train de bredouiller 2 ou 3 pauvres phrases dans un anglais boiteux, brouillons de phrases qui sont immédiatement traduites en japonais a l'attention de Endo Sensei et du maire.
Je dois aujourd'hui saluer le talent de la traductrice car à ma grande surprise, l'effet a été plutôt positif (magie de la traduction !!!).

Préparer les repas:
A Saku, les petits-déjeuners et les diners se prennent dans le dojo. Les stagiaires (de tous horizons) se repartissent les taches en fonction de leurs disponibilités et de leurs aptitudes. Tout cela dans une sorte de discipline naturelle et librement consentie.
Etant un des premiers debout (maudit décalage horaire), je me suis retrouvé plus d'une fois dans la cuisine a 7h du mat’, l'œil hirsute et le cheveu hagard (ou le contraire).
Ainsi j'ai rapidement proposé mon aide pour préparer le petit déjeuner.
Méfiance du groupe de jeune japonais...
Premier jour, on me confie des pommes de terre à couper en dés.
Ok, c'est un début…
La ceinture blanche de la préparation culinaire en quelque sorte.
Peut être que les japonais se disent que, déjà, si je pense à peler la patate avant de la découper, ca sera gagné...
Devant ma maitrise (non s’il vous plait, pas de félicitations ! je viens juste de couper des patates, faut pas délirer), je passe au niveau 2 dès le lendemain : la découpe de l'omelette en losange.
Pourquoi pas en carré me direz-vous ?
Parce que, bande de barbares, vous saurez que les carrés dans une assiette, c'est moche et que les angles aigus du losange rendent ca plus harmonieux (esthétique japonaise).
Ok...je découpe donc les deux omelettes géantes en losanges... sous les regards discrets Les attentes sont élevées car ce je vais rester sur la découpe de l'omelette pendant quelques jours jusqu'a l'apothéose !!!
La ceinture noire de la préparation du petit dej`: la découpe du concombre.
A vrai dire quand on m'a posé la question "Sais tu découper un concombre?" j'aurais du me méfier car la réponse n'était pas celle que j'ai donné :
"Ben euh ouais, tu prends un concombre, un couteau et tu coupes...".
Le visage blasé de la japonaise m'a tout de suite fait comprendre que je m'étais gouré...
Petit cours de découpe du concombre à la mode de Saku (Bernard, nouveau lecteur de ce blog, sait de quoi je parle):
Prenez un concombre, coupez-en une extrémité.
Retournez le légume et coupez l'autre extrémité, mais en faisant une plus grosse découpe.
Ramassez le bout que vous venez de couper et frottez l'endroit de la coupe de façon circulaire jusqu'a ce qu'une mousse blanche se forme (j'avais pas réalisé a quel point ca pouvait être pornographique).
Une fois que la mousse blanche est apparue, découpez le pourtour du concombre en biseau pour éliminer la mousse blanche (là, on est tous d’accord, s'arrête le cote porno du truc...).
Puis il convient de "raser" le concombre.
Oui "raser", pas peler mais éliminer avec le fil du couteau toute les petites excroissances sur le corps du légume...
Une fois que cela est fait, vous pouvez commencer à couper le concombre en rondelles, biseautées de préférence et avec un rythme rapide sinon le regard de votre camarade japonaise vous fera comprendre que tout le monde vous attend.
Seulement deux étrangers sont arrivés jusque la !!!
Uniquement deux !!
Français de surcroit !!!
Bernard et moi sommes fier d'avoir ce jour la passé avec honneur le niveau de la découpe du concombre...
Peut être allons nous faire une confrérie secrète, comme les rose-croix mis a part que notre emblème sera un concombre et un couteau japonais !!!

Vous comprendrez qu'après Saku, je ne suis plus le même homme.
Mon regard ne quitte plus l'horizon.
Je vois des choses que personne ne voit, je fais des choses que personne ne fait (parlez-en a vos copines célibataires.... oh ca va ! c'est une petite blague...).


Certes je ne casse pas encore de brique avec mes fesses (private joke pour Mascotte Psycho et Squirel Killer) mais donnez moi un concombre, et je vous fais des merveilles (hum, cette phrase, là aussi, sortie de son contexte, pourrait me valoir pas mal de messages privés...).

3 commentaires:

guilhem a dit…

J'ai bien raconté ton histoire de concombre à une copine célibataire, mais ça n'a pas eu l'effet escompté dubitative elle m'a répondu , si il a bien retenu c'est bon il est autonome maintenant ......

Phil a dit…

En fait tu devais te contenter de dire que je fais des choses que personne ne fait, et apres, rester dans le mystere...
:-D

Unknown a dit…

Un vrai bonheur de revivre, avec tes textes, les délicieux moments de Saku, et quelle fierté...