vendredi 19 juillet 2013

Tu me fais craquer

Vous savez tous que la relation entre un patient et son médecin est quelque chose de très particulier. Mesdames, vous n’avez qu’à penser à un gynéco ou messieurs a un proctologue et vous saurez tout de suite de quoi je parle.

Or vous connaissez mon aversion pour toutes les activités qui m’oblige à apparaître quasiment nu devant quelqu’un. Inutile de vous dire que ma dernière visite chez un ostéopathe n’était pas gagné d’avance.

Mais, avant de continuer plus loin, je me dois de faire une parenthèse pour ma propre sécurité. Il est susceptible d’y avoir parmi les lectrices de ce blog une ostéopathe, charmante au demeurant qui pourrait s’étonner du choix de me tourner vers un autre ostéopathe qu’elle.
Et même si j’ai encore l’avantage technique en matière d’aïkido sur elle, je préfère tout de même m’expliquer pour préserver mon intégrité physique.

La raison pour laquelle je suis allé chez un ostéopathe homme plutôt que cette jeune femme est qu’il m’est très difficilement envisageable d’imaginer sa main sur mon genou (voire mes hanches) sans qu’une réaction, certes tout à fait naturelle, mais O combien gênante, ne risque de se produire. Alors pour continuer de pouvoir lui parler les yeux dans les yeux j’ai préféré un modèle nettement plus masculin.

Vous souriez mais ce n’est pas anodin. Surtout lorsque l’ostéo en question vous regarde le bas du dos et vous dit que vous avez le sacrum vrillé. Vous savez qu’a un moment ou à un autre ses mains vont s’approcher d’une zone de votre personne qui n’est offerte que très rarement (trop, diront certains) au contact de mains étrangères.
Mais ne précipitons pas les choses, la consultation s’ouvre inévitablement par une séance de questions- réponses très particulières.
Et il est toujours extrêmement difficile de savoir quoi répondre a un ostéo.
Je veux dire par là que lorsque le gars demande si vous avez déjà eu des accidents et que comme moi, vous êtes absolument étranger au moindre hôpital (« tout est bio, chez moi, ma p’tite dame,  touchez moi ça, rien que de la pièce d’origine…) et que donc vous répondez non, et là, le gars insiste en vous demandant si vous ne vous êtes jamais pris un gadin en ski… Ah ben ça oui, forcement… mais vous lui expliquez que vous vous êtes pris aussi des gamelles en vélo quand vous aviez 6 ans mais vu que ça remonte à 32 ans, vous pensiez que cela n’avait pas d’importance. Incompréhension mutuelle..

Mais le gars ne se démonte pas et poursuit avec des questions nettement plus bizarres que même personnes n’osent poser en speed dating: Et sexuellement ? ça va ?
Euh oui… (vu que vous avez été échaudé par le coup du ski vous vous demandez inévitablement, jusqu’où il tente d’aller fouiller). Pas de problème de système endocrinien? Devant votre face figée (comme si vous essayez de diviser 45683 par 12), il précise, pas de problème avec vos testicules?
...
Euh non ça va, mais là, vous vous surprenez à devenir un brin paranoïaque… ça va, ça va… d’un autre côté, vous n’avez pas beaucoup d’élément de comparaison…

L’interrogatoire terminé, vous vous déshabillez (sereinement car vous avez prévu le coup et vous avez soigneusement évité de mettre le boxer vieux de 15ans, subtilement aère grâce à l’effort combiné des mites et du temps qui passe…
Apres vous avoir fait arpenter la pièce, il vous annonce comme je l’ai dit au-dessus que votre sacrum est vrillé. Vous ne pouvez pas vous empêcher de vous demander ce que vous avez bien pu faire pour vous vriller les miches, quoi qu’il en soit, il vous allonge sur la table et s’attaque à la zone en question… oui, il vous met littéralement la main au cul… c’est certes inconfortable mais vous ne pouvez que vous féliciter en vous retournant sur le dos de ne pas avoir choisi de consulter la jeune femme ostéo que vous connaissez… aucune réaction parasite de votre sanguinité ne vient remplir de confusion la relation entre vous et le manipulateur… vous vous détendez…
… jusqu'à ce qu’il vous attrape les oreilles et commence à jouer avec comme avec les rennes d’un cheval.

On vous avait bien prévenu qu’il lui arrivait de faire ça, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de penser que c’est un peu bizarre tout de même…  une main au cul à la limite, vu que vous aviez évoqué des problèmes de hanches mais de la a jouer avec vos cages a miel…
Vous faites une tête assez particulière car il se croit obligé de vous expliquer ce qu’il fait, s’ensuit un speech de quelques minutes sur les chaines musculaires et les liaisons oreilles-temporal… et bassin, que vous comprenez a moitie vue que ne l’oublions pas vous avez ses deux mains pognées sur vos attributs auditifs (je crois même avoir entendu la mer a un moment donné).

 Petite pause, il relâche les deux objets de sa perversité et vous demande si tout est ok, si vous avez des vertiges… Vous lui répondez que vous avez la sensation que le plafond se rapproche, que c’est troublant, il vous répond que c’est normal il est en train de remonter la table sur laquelle vous êtes allonge… silence gêné…
Vous vous jurez de ne plus répondre aussi vite à ses questions, histoire de ne pas passer pour un demeuré et c’est à ce moment-là qu’il choisit de vous faire réviser les positions 35 et 42 bis du Kâma-Sûtra, en enroulant votre bras autour de vous, en équilibre sur une fesse au bord du vide et en vous secouant dans de grands spasmes… Forcément, votre colonne craque un peu et comme après une séance de révision du Kâma-Sûtra, vous vous sentez mieux.. (Certains pourraient même avoir envie d’une cigarette).

Et vous ressortez de la, en peu courbaturé mais la démarche souple du grand félin indomptable que vous avez toujours été…

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